Une agriculture durable grâce à la lutte antiparasitaire intégrée

Une agriculture durable grâce à la lutte antiparasitaire intégrée

Le problème des ravageurs

Partout au Canada et dans le monde, les agriculteurs doivent lutter contre des ravageurs voraces pour réussir leurs cultures. En fait, il existe plus de 30 000 espèces de mauvaises herbes, 10 000 espèces d’insectes et 50 000 maladies qui peuvent affecter la production agricole. Chacun de ces types d’agresseurs est susceptible d’endommager, voire de détruire, une culture. Au niveau mondial, les agriculteurs perdent déjà jusqu’à 40 % de leurs cultures à cause des ravageurs et des maladies. Plus les pertes de cultures sont importantes, moins il y a d’aliments pour les humains et les animaux dans notre monde affamé. Or, à l’heure où nous sommes confrontés à une crise mondiale de la sécurité alimentaire, nous ne pouvons pas nous permettre de perdre des cultures avant même qu’elles n’arrivent dans nos assiettes.

La lutte antiparasitaire intégrée (LAI)

Alors, comment protéger les cultures contre les ravageurs? Heureusement, il existe une variété d’approches qui s’inscrivent dans un modèle que de nombreux agriculteurs pratiquent depuis près de 50 ans : la lutte antiparasitaire intégrée (LAI). Selon le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario, « la lutte intégrée repose sur les recours à toutes les méthodes de lutte dans le but de maintenir les ennemis des cultures en deçà des seuils de nuisibilité économique. Les méthodes de lutte sont culturales, physiques, biologiques, comportementales et chimiques. » Les différentes techniques peuvent être divisées en trois domaines principaux : la prévention, l’observation et l’intervention.

La LAI est un processus décisionnel fondé sur la science qui permet aux agriculteurs de faire les meilleurs choix pour lutter contre les ravageurs dans leurs exploitations. Elle repose sur deux principes : la flexibilité, en raison de la diversité des cultures, des ravageurs et des régions culturales; et le choix, étant donné que plus les agriculteurs ont d’outils parmi lesquels choisir, meilleures sont leurs chances de réussite.

Les agriculteurs qui pratiquent la LAI prennent en compte toutes les techniques à leur disposition pour prévenir et supprimer les ravageurs dans leurs champs. Ils pèsent les options et mettent en œuvre la ou les approches qui minimisent leur empreinte environnementale tout en maximisant la productivité. La LAI élimine l’idéologie selon laquelle un outil est intrinsèquement bon ou mauvais, et s’appuie plutôt sur la science pour déterminer l’outil le mieux adapté à chaque situation.

On peut comparer cette démarche à celle d’un propriétaire de chien qui tente de protéger son animal contre les tiques. Il peut éviter les herbes hautes pendant la saison de pointe (prévention), vérifier le pelage de son chien après une promenade (observation) et retirer les tiques trouvées à l’aide d’une pince à épiler (intervention). Mais les propriétaires de chiens peuvent également utiliser des outils tels que des colliers, des pulvérisations topiques ou des pilules pour prévenir et combattre les tiques. Et si une piqûre de tique devient grave, il existe d’autres produits qui peuvent être employés pour traiter le problème. Le fait de disposer d’une variété d’options permet au propriétaire de l’animal de prendre la meilleure décision pour le protéger et le soigner.

Quelle est la place des pesticides dans la LAI?

Souvent, lorsque les gens parlent de la lutte contre les ravageurs, ils évoquent presque exclusivement les pesticides. Or, c’est simplifier à l’extrême l’ensemble du processus de LAI. Les pesticides sont un outil important de l’arsenal, certes, mais ils ne sont qu’une pièce d’un ensemble beaucoup plus vaste. Si un pesticide est nécessaire pour protéger une culture, les agriculteurs ne veulent appliquer le produit qu’au moment et à l’endroit exacts où il est nécessaire, de la manière la plus précise possible. En fait, les phases de prévention et d’observation de la LAI visent à éviter, en premier lieu, un scénario dans lequel un pesticide est nécessaire.

Tous les travaux préparatoires effectués par un agriculteur – choix de la rotation des cultures, choix des semences, nutrition du sol et des plantes, gestion de l’eau, etc. – ont pour but de donner à la culture les meilleures chances de réussite. Dans certains cas, la présence de quelques insectes ravageurs ou de quelques mauvaises herbes ne justifie pas une intervention; dans d’autres cas, la détection d’un seul plant malade ou d’un seul insecte peut signifier un désastre pour la culture, et une intervention rapide s’impose. Si, en fin de compte, après une surveillance et une réflexion approfondies, un agriculteur décide qu’une action est nécessaire pour lutter contre un ravageur susceptible d’endommager sa culture, il a le choix entre plusieurs options, notamment la lutte mécanique, la lutte biologique ou la lutte chimique.

Aujourd’hui, de nombreux agriculteurs ont accès à des technologies numériques et de précision, qui ont contribué à faire progresser la LAI. Ils ont aussi accès à plus d’informations que jamais sur l’endroit exact où il y a des problèmes de ravageurs dans leurs champs. Enfin, ils ont accès à des équipements munis de GPS, qui leur permettent d’appliquer les pesticides exactement là où ils sont nécessaires.

La gestion de la résistance

Un sujet de préoccupation majeur pour les agriculteurs est le problème potentiel des ravageurs et des mauvaises herbes résistants aux pesticides. L’application responsable de produits antiparasitaires et la mise en œuvre de stratégies de LAI, telles que la rotation des pesticides, contribuent à atténuer le risque d’apparition d’une résistance. Chez CropLife Canada, nous sommes fiers de jouer un rôle de premier plan en fournissant à la communauté agricole des informations et des ressources pour limiter l’apparition de la résistance. Gérez la résistance maintenant est une collaboration avec des experts de l’industrie, du milieu universitaire et du gouvernement visant à accroître les connaissances et à promouvoir l’adoption de stratégies qui mèneront à une réduction de la résistance des mauvaises herbes, des insectes et des maladies.

L’avenir de l’agriculture durable passe par la LAI

Dans le cadre de nos efforts collectifs pour atteindre les objectifs de développement durable de l’ONU (notamment la faim zéro) et, parallèlement, les cibles de protection de la biodiversité fixées dans le cadre de la COP15, la LAI jouera un rôle essentiel. En effet, la cible 7 du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal prévoit de « réduire de moitié au moins le risque global lié aux pesticides et aux produits chimiques hautement dangereux, y compris par la lutte intégrée contre les ravageurs, fondée sur des données scientifiques, en tenant compte de la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance ». Nous devons produire plus de nourriture (et le Canada peut et doit être un leader dans ce domaine) tout en limitant notre impact sur l’environnement et en protégeant et préservant la biodiversité.

L’histoire de l’agriculture, faite de progrès et d’innovation, montre que nous pouvons y parvenir. Depuis 1960, la production alimentaire a augmenté de 390 %, alors que l’utilisation des terres n’a augmenté que de 10 %. En outre, avec les pesticides d’aujourd’hui, on applique 95 % moins de matière active à l’hectare qu’il y a 60 ans. L’agriculture a démontré sa capacité à faire plus avec moins. Grâce à l’adoption par un plus grand nombre d’agriculteurs des méthodes de LAI, y compris des nouveaux outils d’agriculture de précision, nous pouvons nourrir le monde tout en protégeant l’environnement.

L’adoption de la LAI est synonyme d’agriculture durable. C’est là une chose que tout le monde peut soutenir.

Pierre Petelle
President and CEO, CropLife Canada

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