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Reuters découvre que les conclusions du CIRC sur le glyphosate ont été modifiées lors de l’examen du projet de rapport

Dans un monde où les préoccupations sont nombreuses, il est inadmissible qu’une organisation internationale aille jusqu’à manipuler et à fausser des données scientifiques afin qu’elles correspondent à des conclusions prédéterminées.

L’agence de presse Reuters a découvert que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), affilié à l’Organisation mondiale de la santé, a rejeté et modifié des conclusions figurant dans un projet de rapport sur le glyphosate, lesquelles ne concordent pas avec les conclusions du rapport final publié par le Centre.

La réalité est que les trois chefs de file mondiaux en matière de règlementation des pesticides – l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) du Canada, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence de protection de l’environnement (EPA) des États-Unis – ont étudié attentivement le glyphosate et en sont venus à la même conclusion : ce produit n’accroît pas le risque de cancer quand on l’utilise comme prévu. Qui plus est, un comité mixte des Nations unies et de l’Organisation mondiale de la santé a examiné le glyphosate et a conclu qu’il était improbable qu’il pose un risque cancérigène pour les humains.

Le glyphosate est l’un des herbicides les plus sûrs et les plus efficaces jamais mis au point; on l’étudie et l’utilise depuis plus de 40 ans. Cet outil a aidé à révolutionner l’agriculture en permettant aux agriculteurs d’adopter des pratiques de semis direct et de travail réduit du sol, ce qui a contribué à préserver la précieuse couche arable et à réduire les émissions de carbone. Grâce au glyphosate et à d’autres herbicides, les producteurs sont en mesure de lutter plus efficacement contre les mauvaises herbes et de produire davantage sur les terres existantes, sans qu’il soit nécessaire d’ouvrir de nouvelles terres à l’agriculture.

Les Canadiens ont la chance qu’un processus décisionnel scientifique rigoureux soit en place pour évaluer les aliments que nous mangeons et les outils utilisés pour les produire. Tous les pesticides homologués doivent subir une réévaluation complète tous les 15 ans au moins, afin de garantir qu’ils continuent de satisfaire aux plus récentes normes en matière de santé humaine et d’environnement. En 2017, l’ARLA a publié sa décision de réévaluation finale concernant le glyphosate. À la suite d’un examen exhaustif de toutes les données scientifiques à sa disposition, elle a conclu que, lorsqu’on l’emploie conformément aux instructions, le glyphosate n’est pas susceptible de constituer un risque pour la santé des humains ou pour l’environnement.

Dans leur ensemble, les industries de la phytologie (science des plantes) et de l’agriculture comptent sur le fait que toutes les décisions règlementaires reposent sur des études scientifiques fiables. Quand une poignée de scientifiques au CIRC, qui n’est pas un organisme de règlementation, en arrivent à des conclusions radicalement différentes de celles des plus grands experts du monde, ça donne à réfléchir. Mais lorsqu’on apprend que ces conclusions ont peut-être été prédéterminées, il y a lieu de s’indigner. Non seulement cela menace l’accès des agriculteurs à des outils avantageux, mais c’est loin de rendre service aux Canadiens, qui pourraient remettre en question la salubrité des aliments qu’ils consomment.

Dans le monde entier, nous voyons les effets des conclusions du CIRC à propos du glyphosate. En Europe, malgré les nombreux comités d’experts et avis règlementaires qui ont contredit ces conclusions, on est enlisé dans un bourbier politique en ce qui concerne le glyphosate. Le renouvellement du produit est mis en question sur ce continent, certains pays ont indiqué leur volonté de l’interdire malgré tout, et des groupes militants se sont lancés dans une campagne de peur acharnée fondée sur les conclusions du CIRC. Les conséquences pour l’agriculture européenne sont quasi inimaginables.

On pourrait espérer que, à la lueur de la découverte des circonstances douteuses entourant le rapport du CIRC, les groupes militants du Canada procèdent à un second examen objectif de ce rapport, auquel ils ont fait référence de façon répétée, tout en remettant en cause la décision de Santé Canada sur l’innocuité du glyphosate.

En matière de règlementation, il faudrait laisser les décisions aux groupes ayant l’expertise et la rigueur nécessaires pour faire ce travail, parce que leur priorité est de garantir la protection des Canadiens et de l’environnement, plutôt que de chercher à faire les gros titres.


Pierre Petelle,
président, CropLife Canada

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