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Protection de la biodiversité par l’innovation

Alors que le monde entier se rend au Canada pour la conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP 15), nous avons une occasion unique de tracer une voie à suivre pour protéger et améliorer la biodiversité à l’échelle mondiale. De nombreux facteurs complexes ont une incidence sur la biodiversité, l’agriculture étant un facteur important.

La production d’aliments destinés à la consommation humaine et animale a un impact sur la biodiversité, c’est indéniable. Mais alors que nous, en tant que planète, nous attaquons collectivement au défi de nourrir une population qui devrait atteindre 10 milliards d’habitants d’ici 2050, nous devrons nous pencher sur la croissance durable de la productivité agricole. Il nous faudra produire davantage de nourriture tout en réduisant notre impact sur l’environnement.

Histoire de l’innovation agricole au Canada

La bonne nouvelle, c’est que l’agriculture canadienne a démontré qu’elle est à la hauteur de la situation. L’agriculture est devenue plus durable que jamais auparavant. Nous sommes maintenant en mesure de produire plus d’aliments par hectare de terre qu’à n’importe quelle autre époque de l’histoire. En produisant davantage sur les terres existantes, nous pouvons laisser intacts les habitats naturels.

Les agriculteurs canadiens ont adopté les innovations agricoles pour contribuer à la durabilité. Les pesticides et les cultures biotechnologiques les aident à tirer le meilleur parti des terres déjà utilisées pour cultiver des aliments, ce qui leur permet de ne pas toucher aux habitats naturels, comme les zones humides et les forêts, et de soutenir la biodiversité.

Sans ces outils, les agriculteurs auraient besoin de 44 % de terres supplémentaires, par rapport à ce qu’ils utilisent aujourd’hui, pour produire la même quantité de nourriture. Pour mettre cela en perspective, sachez que c’est plus que la superficie totale couverte par le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard réunis.

Notre industrie travaille en étroite collaboration avec des groupes de conservation, comme Canards Illimités Canada, afin de faire progresser nos objectifs communs de lutte contre les changements climatiques et de protection de la nature et de la biodiversité. Nous croyons que l’agriculture moderne est une solution à ces défis et qu’elle peut permettre d’améliorer le stockage du carbone, la filtration de l’eau, la santé des sols et les habitats naturels.

Améliorer la santé des sols, protéger la biodiversité

Les agriculteurs canadiens ont été parmi les premiers à adopter les cultures biotechnologiques, il y a plus de deux décennies. Les cultures tolérantes aux herbicides ont permis le passage à grande échelle vers les pratiques de travail réduit du sol. Grâce à ces cultures, les producteurs peuvent appliquer un herbicide directement sur un champ pour supprimer les mauvaises herbes, sans nuire à la culture. Cela a considérablement réduit la nécessité pour les agriculteurs de travailler – ou de labourer – leurs champs pour éliminer les mauvaises herbes.

Si vous demandez à presque tous les agriculteurs canadiens qui ont adopté des pratiques de travail réduit du sol, ils vous diront comment celles-ci les ont aidés à accroître la matière organique de leur sol et à en améliorer la santé. Et comme une poignée de sol contient plus d’organismes vivants qu’il n’y a de personnes sur la planète, cela a un impact majeur sur la protection de la biodiversité.

Nous reconnaissons que le défi de l’amélioration de la santé des sols – et de la protection de la biodiversité – ne peut être relevé de manière isolée, et nous nous engageons à établir des partenariats pour avoir un impact. À titre d’exemple, huit groupes agricoles et de conservation canadiens se sont récemment réunis pour élaborer une série de recommandations à l’intention du gouvernement du Canada sur les mesures prioritaires à prendre pour soutenir la durabilité, y compris la biodiversité.

Moins, c’est plus

Des innovations comme les pesticides ont contribué à rendre l’agriculture plus productive, mais l’industrie a également réalisé d’importantes avancées technologiques au cours des 60 dernières années, en mettant au point des produits plus sûrs et plus ciblés que jamais. En effet, il faut savoir que les pesticides mis sur le marché aujourd’hui utilisent 95 % de matières actives en moins par hectare qu’il y a 60 ans. En fin de compte, cela signifie que les agriculteurs peuvent appliquer des doses plus faibles de pesticides tout en continuant à protéger leurs cultures contre les insectes, les mauvaises herbes et les maladies.

Les producteurs agricoles exploitent aussi de plus en plus la puissance de l’agriculture de précision afin d’être plus efficaces que jamais dans leur utilisation des intrants. Grâce à des outils tels que les drones, la cartographie par satellite et les capteurs, ils peuvent prendre des décisions très ciblées sur la meilleure façon de gérer chacun de leurs champs. Les producteurs peuvent placer les intrants agricoles exactement là où ils sont nécessaires en fonction des données recueillies. En fin de compte, l’application d’intrants tels que les pesticides exactement là où ils sont nécessaires permet de limiter tout impact non intentionnel de ces produits sur les organismes non ciblés, notamment les pollinisateurs.

Protéger les espaces verts urbains et lutter contre les espèces envahissantes

Les innovations dans le domaine des sciences végétales jouent également un rôle crucial dans la protection de la biodiversité en dehors des espaces agricoles. Les espaces verts en milieu urbain, comme les parcs publics et les jardins privés, peuvent être importants pour favoriser la biodiversité. Mais ces espaces verts ont besoin de soins pour prospérer, car ils peuvent être menacés par les insectes, les mauvaises herbes et les maladies. Les pesticides peuvent être un outil important pour aider à garder ces espaces verts en bonne santé.

Les espèces végétales envahissantes peuvent dévaster des écosystèmes entiers et porter atteinte de façon irréversible à la biodiversité. Au Canada, la pire espèce végétale envahissante est le Phragmites envahissant, une plante pouvant atteindre cinq mètres de haut, agressivement destructrice, qui envahit depuis des décennies les zones humides, les plages et les habitats fauniques du Canada. Les herbicides se sont avérés être le moyen le plus sûr et le plus efficace pour tenir cette espèce en échec.

La science doit guider la prise de décisions

Il n’existe pas de solution unique pour protéger la biodiversité et, dans cette optique, nous devons être prêts à utiliser tous les outils de notre boîte à outils afin de relever cet énorme défi. Nous pouvons être assurés que, sans l’aide de l’innovation, nous n’atteindrons pas nos objectifs ambitieux de nourrir le monde tout en protégeant du même coup la biodiversité.

Nous avons besoin que les organismes de réglementation du monde entier – et les engagements internationaux – maintiennent le cap sur la prise de décisions fondée sur la science, et ce, afin de notamment permettre l’innovation. L’agriculture canadienne a démontré sa capacité à innover et continuera à le faire en tant que fournisseur de solutions clés lorsqu’il s’agira de relever le défi de la protection et de la préservation de la biodiversité.


Pierre Petelle,
Président et Chef de la Direction, CropLife Canada

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