Centered image right

Plus que jamais, l’agriculture a besoin d’une voix unifiée

Nous vivons une période sans précédent, l’incertitude quant à l’évolution des choses ne faisant qu’accroître l’inquiétude des gens face à l’avenir. Mais ce qui est certain, c’est que l’agriculture doit continuer. Même en temps de pandémie, nous devons produire des aliments pour nourrir les gens.

En tout début de ce printemps, et alors qu’une grande partie du monde s’est arrêtée, les agriculteurs iront de l’avant et commenceront à semer. La situation actuelle avec l’épidémie de COVID-19 a montré clairement qu’en temps de crise, les principales préoccupations des gens sont la santé et la sécurité, de même que l’accès à la nourriture. Heureusement, tant les professionnels de la santé que les agriculteurs savent que d’autres comptent sur eux pour poursuivre leurs activités en ces temps difficiles.

Ce nouvel ensemble de défis auxquels nous nous heurtons devrait inciter l’agriculture à s’unir et parler d’une seule voix. C’est un problème avec lequel notre secteur a dû composer, mais si nous voulons un jour couper court au vacarme et attirer l’attention à la fois du public et du gouvernement, notre secteur ne peut pas livrer des messages divergents et demander à ces publics importants de déchiffrer ce qui est vraiment important.

Oui, au sein de notre industrie, de notre secteur, nous sommes diversifiés, mais nous représentons tous l’agriculture. Nous devons concentrer davantage nos efforts pour nous unir derrière notre objectif commun et les valeurs que nous partageons. Et l’urgence de le faire n’a jamais été aussi grande. Les groupes qui s’opposent fondamentalement à l’agriculture moderne sont unis et font entendre leur voix, haut et fort – et leurs efforts se poursuivent pendant ce temps sans que les besoins fondamentaux du monde en matière de sécurité alimentaire soient pris en considération.

Le secteur agricole peut en grande partie s’unir derrière un message commun sur la nécessité d’un secteur agricole innovant, compétitif et durable dans ce pays. Assurons-nous que ce message passe et faisons en sorte que la voix de l’agriculture moderne soit entendue.

Dans d’autres parties du monde, nous avons vu les conséquences d’une industrie agricole fracturée et silencieuse. Il nous suffit de tourner notre regard en direction de l’Europe : les groupes de l’industrie agricole sont restés largement silencieux face aux pressions des activistes et aux mauvaises politiques gouvernementales jusqu’à ce que la situation atteigne un point critique. Une fois ce niveau atteint, il est alors souvent trop tard. Les manifestations d’un jour ne peuvent pas remplacer des efforts soutenus de sensibilisation et de communication.

Le fait de ne pas se regrouper en tant qu’industrie et de ne pas présenter une voix unie et soutenue peut avoir des conséquences désastreuses. À une époque où les agriculteurs sont plus que jamais soumis à des pressions pour être plus productifs et plus durables, les agriculteurs européens ont été privés d’un grand nombre des outils qui les aideraient justement à y parvenir.

Ainsi, ils ne peuvent pas cultiver de plantes génétiquement modifiées, le nombre de produits de protection des cultures à leur disposition a considérablement diminué et il semble qu’ils ne pourront pas non plus tirer profit de la technologie d’édition génique pour les cultures. En France, les consommateurs peuvent à peine se permettre de consommer leurs propres aliments.

Et ici, au Canada, nous avons vu des situations similaires à celles de l’Europe se produire, en particulier au Québec. L’automne dernier, la Commission de l’agriculture, des pêches, de l’énergie et des ressources naturelles du Québec a entendu durant quatre jours des témoignages dans le cadre de sa commission sur les pesticides. Ces témoignages étaient truffés de fausses informations sur la sécurité et les avantages des pesticides.

Et où était le chœur de voix de l’industrie qui s’exprimait pour corriger et défendre des outils qui ont été approuvés par notre régulateur fédéral de classe mondiale et qui ont apporté aux agriculteurs des avantages incroyables en matière de productivité et de durabilité? Eh bien, il est resté largement silencieux. J’espère que l’agriculture québécoise ne subira pas le même sort que celle de l’Europe.

Les groupes d’activistes qui s’opposent à l’agriculture moderne ne sont pas particulièrement nombreux, mais ils ont excellé à s’unir derrière une voix commune et à présenter un front uni face à l’agriculture moderne. C’est là que nous, en tant qu’industrie agricole, devons faire mieux.

Nous savons, grâce au plus récent rapport de recherche sur la confiance du public du Centre canadien pour l’intégrité des aliments, que 91 % des Canadiens connaissent peu ou pas du tout l’agriculture moderne, mais que 60 % d’entre eux veulent en savoir plus. C’est une occasion incroyable pour notre industrie de partager son expérience. Ne la gâchons pas.

Chez CropLife Canada, nous voulions donner aux Canadiens qui n’auront peut-être jamais l’occasion de visiter une ferme la possibilité de jeter un coup d’œil dans la vie quotidienne des agriculteurs de tout le pays et de mieux comprendre comment leurs aliments sont produits. C’est pourquoi nous avons créé la série de documentaires sur le Web intitulée Real Farm Lives. D’autres personnes et organismes font également un excellent travail en racontant l’histoire de l’agriculture moderne, et nous devons continuer sur cette lancée.

Nous avons également vu le gouvernement fédéral parler publiquement, de façon sporadique, du travail qu’il accomplit pour que notre approvisionnement alimentaire soit l’un des meilleurs et des plus sûrs au monde. Par exemple, l’année dernière, Santé Canada a communiqué avec audace sur les aspects scientifiques et la sécurité du glyphosate. Et nous avons vu ce changement d’approche en faveur d’un discours plus fondé sur la science que sur l’hystérie.

Cela doit devenir la norme et non plus une exception à la règle. Les organismes de règlementation devraient être habilités à parler du travail qu’ils accomplissent pour garantir la sécurité des outils agricoles face aux campagnes de désinformation délibérées menées à leur encontre.

L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a récemment lancé son initiative Chroniques 360 afin de donner aux Canadiens un regard intérieur sur les scientifiques qui sont à l’origine de notre système de sécurité alimentaire au Canada. Nous félicitons l’Agence de rejoindre les Canadiens de cette manière.

Et lorsqu’il s’agit de la façon dont nous, en tant qu’industrie, nous adressons au gouvernement, tirons parti des occasions qui se présentent à nous. Le potentiel agricole du Canada a été mis en évidence par le Conseil consultatif en matière de croissance économique et les Tables sectorielles de stratégies économiques. Nous devons présenter au gouvernement une vision qui offre une feuille de route sur la manière de mettre en valeur tout ce potentiel.

Alors que le Canada est aux prises avec la lutte contre le changement climatique, nous savons, dans le domaine de l’agriculture, que nous pouvons jouer un rôle central et que nous devons faire partie intégrante de la conversation. Presque toutes les facettes de l’industrie ont fait des progrès incroyables en matière de durabilité et, grâce à une innovation continue, nous continuerons à nous améliorer et à répondre à la demande mondiale en matière d’alimentation humaine et animale et de fibres, tout en réduisant notre empreinte écologique.

L’industrie agricole a une histoire à raconter. Et cette histoire, les consommateurs et le gouvernement veulent et doivent l’entendre. Grâce aux pratiques agricoles modernes, nous disposons ici, au Canada, de l’un des approvisionnements alimentaires les plus sûrs et les plus durables au monde. Et nous sommes prêts, en tant qu’industrie, à stimuler la croissance économique de notre pays et à apporter des solutions face à des défis tels que le changement climatique. Et je n’ai aucun doute que notre industrie relèvera le défi de nourrir les Canadiens et le monde entier en cette période de crise. Faisons en sorte de faire entendre ce que nous avons à dire.

Pierre Petelle, président et chef de la direction, CropLife Canada

Partagez cette page sur :