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Les résidus de pesticides mis en contexte

Ces derniers temps, on a beaucoup parlé dans les nouvelles des résidus de glyphosate dans les aliments en relation avec les limites maximales de résidus (LMR). Tout d’abord, permettez-moi de dire que, malgré ce que certains titres des médias peuvent faire croire aux consommateurs, les changements proposés pour les LMR de glyphosate n’auront aucune incidence sur la façon dont les agriculteurs canadiens utilisent ce produit, et que ces changements ne posent aucun risque pour la santé et la sécurité des consommateurs.

Laissez-moi vous parler un peu de ce que sont exactement les LMR. Une LMR est la quantité maximale de résidus de pesticides pouvant rester sur une culture lorsque le produit est utilisé conformément au mode d’emploi figurant sur l’étiquette. Au Canada, les LMR sont fixées par Santé Canada. Ces limites garantissent que les pesticides sont utilisés comme ils sont censés l’être par les agriculteurs. Elles sont utilisées pour faciliter le commerce et ne constituent pas une mesure de la santé et de la sécurité.

Chaque pays établit des LMR pour s’assurer que les producteurs utilisent les pesticides conformément aux instructions. Si une récolte destinée à l’exportation excède la LMR établie par un pays importateur, la cargaison peut être refusée. Toutefois, lorsque les niveaux de résidus dépassent une LMR, cela ne signifie pas qu’il y a un risque pour la santé. En fait, la plupart des pays procéderont à une évaluation des risques pour déterminer si la récolte excédant la LMR sera acceptée. Les LMR sont souvent fixées 100 fois ou plus en dessous des niveaux qui auraient un impact sur la santé humaine.

Il importe également de comprendre que le simple fait de pouvoir détecter un résidu sur un produit alimentaire ne signifie pas qu’il y a lieu de s’inquiéter. Pour évaluer le risque avec précision, les organismes de règlementation, comme Santé Canada, tiennent compte de l’exposition potentielle à un pesticide que pourrait connaître une personne. Pour mettre les choses en contexte, une femme adulte pourrait manger 850 portions de pommes en une journée sans que les résidus de pesticides aient un impact négatif sur elle.

La technologie de détection est désormais si avancée que nous pouvons détecter une partie par milliard – pensez à une goutte d’eau dans une piscine olympique. En fait, si nous cherchons des traces de n’importe quelle substance, nous pouvons maintenant les trouver, non pas parce qu’il y en a plus, mais parce que la technologie nous le permet.

Les LMR changent régulièrement pour un certain nombre de raisons, notamment pour la mise à jour de la façon dont un pesticide est utilisé ou pour l’alignement sur les normes internationales. En ce qui concerne les changements que Santé Canada propose actuellement, le Canada s’aligne sur les LMR convenues à l’échelle internationale afin de faciliter le commerce mondial. Notre pays est un exportateur mondial net de produits agricoles : nous exportons environ les trois quarts du soya et du blé que nous cultivons, et plus de 90 % du canola et des légumineuses. S’assurer que nous pouvons acheminer ces produits vers leurs destinations est d’une importance capitale pour notre économie et pour ceux qui, dans le monde entier, ont besoin de ce que le Canada produit.

Des LMR mal harmonisées entre partenaires commerciaux peuvent entraîner une instabilité du marché et un gaspillage de nourriture en raison de retards importants, voire de refus de cargaisons entières, pour ce qui n’est qu’un détail administratif.

Afin de chercher à harmoniser les LMR, le Canada travaille en étroite collaboration avec des pays du monde entier qui partagent les mêmes idées et se fondent sur la science. Pour que le commerce puisse se dérouler librement dans le monde, nous avons besoin de LMR cohérentes d’un pays à l’autre. Un organisme appelé Codex Alimentarius, sous l’égide des Nations Unies, établit les LMR pour différentes combinaisons culture-pesticide selon des normes scientifiques convenues à l’échelle internationale.

Cet organisme est en train de mettre à jour ses LMR pour le glyphosate sur certaines cultures. L’adoption officielle des nouvelles LMR, qui était prévue l’année dernière, a été retardée en raison des défis administratifs posés par la pandémie. Ces changements devraient être adoptés à très court terme, et la proposition de Santé Canada de mettre à jour les LMR canadiennes nous permettra de nous aligner sur ces normes internationales.

Les mises à jour spécifiques des LMR relatives aux cultures céréalières visent à rationaliser la présentation des LMR, mais elles ne les modifieront pas réellement. À l’heure actuelle, les LMR pour le blé couvrent différentes fractions de mouture. La proposition prévoit que les LMR couvrent le produit brut – c’est-à-dire le blé, l’orge ou l’avoine – plutôt que les ingrédients transformés. Cela correspond à la manière dont les LMR sont fixées au niveau international.

Les agriculteurs doivent suivre les instructions figurant sur les étiquettes quand ils utilisent tous les pesticides, y compris le glyphosate. C’est la loi. Et les Canadiens peuvent être assurés que tous les produits importés au Canada doivent respecter nos normes élevées en matière de résidus de pesticides dans les aliments.

Il est également important de rappeler que si le glyphosate peut être un sujet politiquement chargé, la réalité est qu’il s’agit de l’un des herbicides les plus sûrs et les plus efficaces jamais mis au point. Il existe plus de 40 ans de données démontrant la sécurité du glyphosate, et aucune autorité règlementaire majeure au monde ne le considère comme un risque pour la santé lorsqu’il est utilisé conformément aux instructions de l’étiquette.

Santé Canada, dont le mandat est de protéger la santé et la sécurité des Canadiens, soutient fermement l’innocuité du glyphosate. Il a récemment déclaré qu’il n’a « pas ménagé ses efforts » lors de l’examen des données scientifiques sur le glyphosate et qu’il n’a trouvé aucun problème de santé ou de sécurité lié à l’utilisation de ce produit conformément aux directives.

Les avantages du glyphosate ne font pas souvent la une des journaux, mais ils le mériteraient. Cette importante innovation a permis des pratiques agricoles plus durables sur le plan environnemental en favorisant l’adoption de l’agriculture de conservation et du semis direct, ce qui a permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’améliorer considérablement la santé des sols. Cela soutient l’agriculture régénératrice.

Le sujet des LMR est complexe et nuancé – et lié à notre système commercial mondial. Il est compréhensible qu’il puisse être source de confusion lorsqu’il est introduit dans le débat général. Mais soyons clairs sur un point : lorsque nous parlons de LMR, nous parlons de quantités infinitésimales de résidus, qui n’ont aucune incidence sur la santé et la sécurité humaines.


Pierre Petelle,
Président et chef de la direction, CropLife Canada

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