Les néonics continueront de faire partie de l’agriculture durable au Canada
L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), de Santé Canada, a récemment publié sa décision définitive concernant l’impact des néonicotinoïdes – une classe d’insecticides – sur les pollinisateurs au Canada. Dans cette décision, l’ARLA a confirmé que, dans la grande majorité des cas, les agriculteurs pouvaient utiliser efficacement les néonics sans risque inutile pour les pollinisateurs.
C’est une bonne nouvelle que nous devrions tous célébrer – y compris les agriculteurs qui comptent sur les néonics pour protéger leurs cultures contre les insectes, ainsi que les consommateurs, situés à la fin de la chaîne de valeur, qui bénéficient d’un accès aux aliments sûrs, abordables et de haute qualité que nos agriculteurs produisent.
Les traitements de semences néonicotinoïdes sont une innovation incroyable, qui a amélioré la durabilité de l’agriculture et limité l’exposition aux pesticides des organismes non ciblés. L’application d’un insecticide directement sur la semence réduit considérablement la quantité de produit requise et limite l’exposition à celui-ci des organismes non ciblés, tels que les pollinisateurs, car la semence est enrobée puis mise directement en terre.
Bien que l’ARLA ait affirmé la sécurité des néonics pour le traitement des semences, elle a supprimé ou restreint leur utilisation dans de nombreuses cultures horticoles. Dans bon nombre de ces cas, il n’existe aucune solution de remplacement viable aux néonics pour lutter contre certains insectes nuisibles, ce qui pourrait compromettre la viabilité de certains types de production de fruits et de légumes au Canada.
En tant que Canadiens, nous vantons souvent l’importance d’acheter des produits locaux. Nous sommes fiers d’aller au magasin et d’acheter des pommes du Québec ou des pêches de l’Ontario, ou de visiter le marché de producteurs locaux pour faire le plein de produits frais. Mais sans les néonics, les agriculteurs canadiens pourraient ne plus être en mesure de produire certaines de ces cultures, et pour les consommateurs, cela pourrait signifier beaucoup moins de fruits et de légumes cultivés dans leur région.
Les consommateurs n’achèteront pas de fruits dont la chair contient des larves. Les agriculteurs doivent donc protéger leurs cultures d’un nombre croissant d’insectes affamés. S’ils n’ont pas d’option pour lutter contre ces insectes, ils ne peuvent pas exploiter une entreprise viable, et les Canadiens devront dépendre encore plus des fruits et légumes importés d’autres régions du monde.
Et ce qui est négligé dans cette discussion, c’est l’importance des pollinisateurs pour l’industrie horticole. De nombreux fruits et légumes dépendent de la pollinisation par les insectes. Prenez les pommes, par exemple. Si les insectes ne pollinisent pas les pommiers, ces arbres ne produiront aucun fruit. De nombreux pomiculteurs ont établi de solides relations avec les apiculteurs locaux et ont démontré que les agriculteurs sont capables d’utiliser avec succès les néonics pour lutter contre les insectes nuisibles tout en veillant à la protection de leurs partenaires les abeilles.
Étant donné que les secteurs les plus touchés de l’industrie agricole ont soumis une quantité importante de nouvelles données pour répondre aux préoccupations exprimées par l’ARLA au cours de la période de commentaires de 90 jours sur la réévaluation proposée, certaines des restrictions et des limitations relatives à l’utilisation des néonics sont décevantes. Nous collaborerons avec ces partenaires et l’ARLA afin de déterminer pourquoi les données scientifiques supplémentaires ne semblent pas avoir modifié le résultat final.
Malheureusement, certains groupes d’activistes ne semblent pas se préoccuper des difficultés des agriculteurs canadiens et du sort de la production alimentaire au Canada. Ce sont ces groupes qui ont réclamé une interdiction totale des néonics et exhorté l’ARLA à prendre une décision à la hâte plutôt que de prendre le temps de revoir toutes les données disponibles et de prendre une décision fondée sur des données scientifiques.
Pour les groupes d’activistes qui ne s’intéressent pas à la science, c’est facile de louer Santé Canada lorsqu’il décide de restreindre ou d’interdire certains pesticides et de lui reprocher d’être « incompréhensible » et « incohérent » lorsqu’il prend une décision qui ne correspond pas à leur programme.
Les mêmes groupes qui reprochent à l’ARLA d’avoir conclu que la plupart des utilisations de néonics ne posent aucun risque pour les abeilles sont ceux qui ont remis en cause la décision de Santé Canada de continuer à soutenir l’utilisation du glyphosate au Canada. Et rappelons-nous que la décision de Santé Canada sur le glyphosate n’a pas été prise isolément – chaque grand organisme de règlementation des pesticides dans le monde est parvenu à la même conclusion : le glyphosate peut être utilisé en toute sécurité par les agriculteurs.
C’est inquiétant que ces groupes prétendent en savoir plus que les organismes scientifiques et de règlementation du monde entier qui sont spécialisés dans l’évaluation des risques liés aux pesticides. Bien qu’ils semblent vouloir détruire l’agriculture moderne et ôter aux agriculteurs tous les outils dont ils disposent, ils n’apportent pas de solutions réelles à la table.
Grâce aux innovations en agriculture, les agriculteurs canadiens sont plus « durables » qu’ils ne l’ont jamais été. Ils produisent davantage sur la même superficie, tout en laissant la terre en meilleur état pour la génération suivante. L’agriculture a radicalement changé au cours des 50 dernières années, en grande partie en raison des progrès technologiques. Et les possibilités pour les 50 prochaines années vont au-delà de ce que beaucoup d’entre nous peuvent même imaginer.
Avec son territoire étendu, le Canada a l’obligation de produire des aliments non seulement pour les Canadiens, mais également pour aider à nourrir le monde. Mais pour respecter cette obligation, nos agriculteurs devront avoir accès aux plus récents outils et innovations qui leur permettent de faire leur travail mieux et de manière plus durable que la veille.
Le président et chef de la direction de CropLife Canada,
Pierre Petelle