Le nouveau Code de gestion des pesticides du Québec rate sa cible
Les Québécois apprécient – à juste titre – le vaste éventail de denrées produites par les agriculteurs du Québec. Comme les consommateurs avisés du monde entier, ils se préoccupent de la façon dont leurs aliments sont cultivés. Ils veulent s’assurer que ces derniers soient sûrs et aient été produits de manière durable. Les agriculteurs québécois et les industries qui les soutiennent partagent ces préoccupations, que nous mettons en priorité.
En dépit de cet engagement commun et des informations scientifiques exhaustives qui guident le milieu agricole, le gouvernement du Québec a jugé opportun de faire fi des besoins de ceux qui cultivent la terre, au profit de couches supplémentaires de bureaucratie conçues pour s’attaquer à un problème inexistant.
À la fin du mois dernier, les autorités de la province ont mis en place des restrictions sur plusieurs pesticides. Elles disent l’avoir fait pour protéger l’environnement, mais les preuves scientifiques contredisent ce raisonnement.
Au Canada, les pesticides sont règlementés par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, de Santé Canada. Nous avons un des processus d’évaluation scientifique les plus rigoureux au monde – un système qui dispose des ressources humaines et financières nécessaires pour effectuer de telles évaluations scientifiques sérieuses, d’une façon qu’aucune autorité provinciale ne peut le faire.
En réalité, les pesticides employés aujourd’hui sont plus sécuritaires que jamais. Non seulement les colonies d’abeilles se sont accrues de manière importante ces 20 dernières années, mais elles ont atteint un niveau record, selon les données de Statistique Canada. En fait, le nombre de colonies au Québec a augmenté de près de 180 % depuis 2003, année où les agriculteurs ont commencé à utiliser les semences de maïs, de soya et de canola traitées aux néonicotinoïdes. S’ils ont adopté cette technologie, c’est en raison des avantages qu’elle offre, entre autres la possibilité d’employer des pratiques de conservation du sol, lesquelles contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à l’enrichissement de la terre.
Peut-être que le gouvernement ne le savait tout simplement pas. Il ne savait pas que les agriculteurs québécois travaillent déjà sur ces questions; ne savait pas que l’application qu’il propose existe déjà et s’appelle BeeConnected; ne savait pas que les populations d’abeilles sont plus élevées que jamais auparavant; ne savait pas que les groupes environnementalistes qui étaient à ses côtés lors de son annonce ont la réputation de tromper les citoyens dans l’espoir de rehausser leurs profils et leurs profits.
Les agriculteurs du Québec contribuent largement à la trame de la société québécoise, et ce sont eux, ultimement, qui seront les plus lésés par une règlementation bancale.
Malheureusement, une règlementation non fondée sur la science ouvre la voie à des règlements imprévisibles dans l’avenir. Cette absence de prévisibilité aura un impact négatif sur l’innovation, à un moment où la prévisibilité et l’investissement dans des solutions novatrices pour les agriculteurs sont essentiels si l’on veut stimuler l’économie et protéger l’environnement.
Pierre Petelle,
président et chef de la direction de CropLife Canada