L’approche idéologique de Montréal sur les pesticides pourrait faire mal à la production d’aliments locaux

La récente annonce de la Ville de Montréal d’étendre l’interdiction municipale des pesticides aux terrains de golf fait fi de la science. Cette décision nuira aux terrains de golf locaux, et le fait de qualifier injustement de dangereux ou nocifs des produits qui ont fait l’objet d’un examen approfondi et ont été approuvés par Santé Canada suscitera, parmi la population québécoise, la peur et la confusion quant à l’utilisation de pesticides sécuritaires et essentiels dans la production alimentaire.

Les terrains de golf sont des espaces verts précieux qui contribuent à la biodiversité et permettent la détente et l’activité physique. Protéger ces milieux contre les dommages attribuables aux insectes, aux mauvaises herbes et aux maladies nécessite l’utilisation judicieuse de produits antiparasitaires approuvés au niveau fédéral, dans le cadre d’une approche plus large appelée lutte antiparasitaire intégrée.

En outre, les pesticides sont un outil essentiel que les producteurs agricoles québécois utilisent pour protéger leurs cultures contre les ravageurs, afin de pouvoir produire des aliments locaux sûrs et de qualité pour la province. On pourrait comprendre les consommateurs d’être confus devant l’hypocrisie de l’approche de la Ville de Montréal en matière de pesticides. Les pesticides ne sont pas considérés assez sûrs pour les terrains de golf (sauf quelques exceptions), mais ils le sont pour garder les corridors ferroviaires dégagés, protéger les arbres en ville et produire des aliments? Au bout du compte, cette confusion a pour effet de placer en point de mire les agriculteurs, qui travaillent d’arrache-pied, et de menacer leur capacité à mettre plus de Québec dans notre assiette.

Tous les pesticides, qu’ils soient utilisés sur les terrains de golf, en milieu urbain, à des fins industrielles ou dans l’agriculture, sont règlementés par Santé Canada afin de garantir leur innocuité pour les personnes et l’environnement. Santé Canada emploie quelque 400 scientifiques qui se consacrent à l’examen des pesticides afin de s’assurer que seuls des produits sûrs et efficaces sont mis sur le marché. Les interdictions municipales d’utilisation des pesticides peuvent se traduire par des gains politiques à court terme, mais les conséquences à long terme pour les citoyens sont une réduction des moyens mis à leur disposition pour protéger leurs maisons, leurs jardins, leurs terrains de golf, leurs infrastructures et leur approvisionnement alimentaire contre les effets dévastateurs des ravageurs.

Les autorisations accordées pour la poursuite de l’utilisation de certains pesticides sur les terrains de golf et sur les corridors ferroviaires sont une reconnaissance du rôle essentiel joué par ceux-ci. S’ils ne sont pas tenus en échec, les insectes, maladies et mauvaises herbes peuvent détruire un terrain de golf et entraîner des risques pour la sécurité en périphérie des emprises.

Dans les exploitations agricoles, les producteurs agricoles du Québec sont déjà confrontés à d’énormes défis face à l’évolution des conditions en matière de changements climatiques et à l’augmentation du fardeau de la règlementation. Il est impératif de ne pas stigmatiser les outils sûrs qu’ils utilisent pour protéger leurs cultures. Les pertes subies dans les entreprises agricoles ne nuisent pas seulement aux producteurs locaux, mais se traduisent aussi par un choix plus restreint et des prix plus élevés des aliments pour les consommateurs. Les agriculteurs québécois ont besoin d’un maximum d’outils à leur disposition pour demeurer concurrentiels et continuer à nous nourrir.

Les décisions politiques qui ne tiennent pas compte de la science ont souvent des conséquences imprévues et considérables. Dans ce cas-ci, non seulement cela nuira aux golfs locaux, mais cela menacera aussi la production alimentaire locale en alimentant des raisonnements nocifs et erronés sur la sûreté et l’importance des pesticides.

Pierre Petelle

Président et chef de la direction, CropLife Canada

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