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Il est temps de nous hisser sur le podium agricole

L’industrie agricole canadienne est bonne, peu de gens le contesteraient. Mais nous ne pouvons plus nous contenter de ce qui est bon quand nous pouvons atteindre l’excellence. Face à un défi sanitaire et économique mondial sans précédent, il est urgent que le secteur agricole canadien « se hisse sur le podium ».

Nous pouvons nous inspirer de l’expérience À nous le podium, de l’équipe olympique canadienne. Le Canada n’a pas réussi à remporter une seule médaille d’or lors des deux premiers Jeux olympiques qu’il a accueillis – les Jeux d’été de 1976, à Montréal, et les Jeux d’hiver de 1998, à Calgary. Mais aux Jeux de 2010, à Vancouver, le Canada a récolté 14 médailles d’or, soit le plus grand nombre obtenu par un pays.

Qu’est-ce qui a changé entre les deux premiers Jeux olympiques et Vancouver? On a vu un engagement inébranlable et global en faveur de la réussite, avec la mise en place de toutes les mesures nécessaires pour rendre celle-ci possible. Et en 2010, sur son propre sol, Équipe Canada s’est emparée du podium.

Alors que le Canada cherche des moyens de commencer à se sortir de la crise économique actuelle, l’agriculture est prête à prendre la tête de la reprise du pays. L’industrie agricole et agroalimentaire contribue au PIB du Canada à hauteur d’environ 50 milliards $ par an, soit environ 6,7 %. Mais ce n’est que le début de ce dont le secteur est capable.

Avant même que la pandémie mondiale ne frappe, les leaders d’opinion désignaient l’agriculture comme un domaine ayant un énorme potentiel de croissance. Un rapport de 2019 de la Banque Royale du Canada indiquait que l’industrie agricole canadienne pourrait générer 11 milliards $ supplémentaires pour le PIB du Canada d’ici 2030, si les bons investissements étaient faits dans les personnes et la technologie. Cela rendrait ce secteur plus productif que la construction automobile et l’aérospatiale réunies, notait le rapport.

Pour sa part, la Table de la stratégie économique du secteur agroalimentaire a récemment fixé un objectif de croissance des exportations agricoles et agroalimentaires à 85 milliards $ d’ici 2025, contre 64,6 milliards $ en 2017, ainsi que des objectifs tout aussi ambitieux d’augmentation des ventes intérieures.

Nous possédons tellement d’avantages pour faire du Canada une puissance agricole mondiale. Nous disposons d’une grande superficie de terres arables, pour une population relativement faible. Nous avons accès à de vastes ressources naturelles et nous avons des producteurs qui adoptent rapidement les nouvelles technologies. Notre pays a acquis une solide réputation mondiale en tant que fournisseur d’aliments sûrs et de haute qualité. Enfin, nous disposons de puissantes capacités de recherche et développement ainsi que d’un excellent réservoir de talents dans des domaines tels que la biotechnologie, la chimie, l’ingénierie et l’intelligence artificielle.

Mais il y a aussi des défis à relever. Nous ne transformons au Canada qu’environ la moitié de ce que nous y cultivons, ce qui entraîne en partie un déficit commercial de plus de 3 milliards $ pour les produits agroalimentaires. L’immensité de notre pays crée également des défis en matière de transport et d’accès aux marchés. Bien que nous ayons conclu des accords de libre-échange avec de nombreux marchés clés, les barrières commerciales non tarifaires nous empêchent d’en tirer pleinement parti.

Le secteur est également confronté à des défis liés à l’adoption des dernières technologies dans des domaines comme l’agriculture de précision – lesquelles permettraient d’améliorer la productivité et la durabilité –, en raison de l’accès insuffisant à Internet haute vitesse dans de nombreuses régions rurales.

Tant les possibilités que les défis s’étendent à l’ensemble de la chaîne de valeur et ne font que souligner la nécessité d’une approche globale pour permettre au secteur agricole et agroalimentaire canadien de se développer, depuis les agriculteurs eux-mêmes jusqu’aux fournisseurs d’intrants et aux secteurs du transport, de la transformation, de la distribution et de la vente au détail.

Pour que l’industrie puisse réaliser son plein potentiel, il faudra un engagement fort et un suivi de la part des hauts niveaux de gouvernement. Nous devons passer de l’approche fragmentaire actuelle concernant l’industrie agricole à une approche pangouvernementale de type Équipe Canada. Il existe d’innombrables ministères qui ont une incidence sur ce secteur, et tous doivent travailler ensemble à la réalisation d’un objectif commun.

En cette période économique extrêmement difficile, le gouvernement ne peut se permettre de ne pas accorder une attention particulière à l’agriculture, car elle constitue l’un des moyens les plus sûrs d’aider le Canada à sortir de cette crise économique. Favoriser le développement du secteur agricole profitera à tous les Canadiens, en créant des emplois, en encourageant l’investissement et en stimulant la croissance économique.

Heureusement, pour un gouvernement qui a dû dépenser des sommes sans précédent afin de protéger les Canadiens pendant cette pandémie, nombre des mesures nécessaires pour soutenir l’agriculture et lui permettre de se développer (telles que la réforme de la règlementation ainsi que la conquête et la protection des marchés internationaux) coûtent très peu, mais offrent un potentiel de rendement énorme.

Une chose est devenue très claire au cours des derniers mois : le gouvernement est capable d’agir rapidement et de manière décisive en temps de crise. Et alors qu’il cherche des moyens d’aider à relever les défis économiques qui se présentent à nous, j’espère que le gouvernement montrera une fois de plus sa capacité à être agile et à agir rapidement.

En 2018, le rapport de la Table de la stratégie économique a défini une vision pour le Canada – « à nous le podium agricole », pour ainsi dire –, et il est maintenant temps de passer à l’action :

D’ici 2025, le Canada sera l’un des cinq chefs de file mondiaux dans le secteur agroalimentaire, et sera reconnu comme le fournisseur de produits alimentaires de grande qualité le plus fiable et le plus concurrentiel qui soit, en plus d’être un innovateur en matière de produits à valeur ajoutée offerts aux consommateurs du monde entier.

Plus qu’un simple moteur économique pour le Canada, l’agriculture est une source de fierté pour notre pays. C’est un secteur qui a été à la base du succès et de la croissance du Canada depuis sa création. Les Canadiens ont un niveau de confiance incroyablement élevé dans la qualité et la salubrité des aliments cultivés au Canada. Et nous sommes fiers de pouvoir envoyer l’abondance de nourriture que nous produisons dans le monde entier, à ceux qui en ont besoin.

Unissons-nous, en tant que pays, pour soutenir la progression de l’agriculture vers le sommet, tout comme nous avons collectivement soutenu et célébré nos athlètes olympiques dans leur cheminement vers la plus haute marche du podium.

Le président et chef de la direction de CropLife Canada, Pierre Petelle

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