CropLife Canada répond à un récent article de La Presse sur les néonics
Réponse de CropLife Canada à l'article de La Presse « Ces élus qui ont les gonades de leur engagement ».
Il y a une dizaine d’années, divers médias québécois ont commencé à mettre en garde contre une apocalypse des abeilles engendrée par une certaine catégorie de pesticides : les néonics. Le gouvernement provincial a réagi en restreignant fortement l’utilisation des traitements de semences à base de néonics, de sorte qu’ils ne sont pratiquement plus utilisés aujourd’hui dans la plupart des cultures.
Le nombre de colonies d’abeilles n’a cessé d’augmenter régulièrement au Québec au cours des dernières décennies, même au plus fort de l’utilisation des néonics. La principale difficulté pour les apiculteurs réside dans les pertes lors de l’hivernage, qui fluctuent d’une année à l’autre. Les experts reconnaissent généralement que l’acarien Varroa et les conditions météorologiques sont les premiers responsables de ces pertes, et les restrictions sur les néonics n’ont pas permis de résoudre les problèmes qui découlent de ces deux facteurs.
En Europe, malgré un nombre de colonies d’abeilles robuste et en constante augmentation depuis des décennies, des restrictions sévères sur l’utilisation des néonics ont été mises en place. Cette mesure n’a pas eu d’incidence sur la santé des abeilles, que ce soit dans un sens ou dans l’autre. Les restrictions sur les néonics, tant au Québec qu’en Europe, n’ont rien fait pour protéger les abeilles, mais ont en revanche privé les agriculteurs d’un outil précieux.
Le fait est que la santé des abeilles est une question complexe, qui est influencée par toute une variété de facteurs. Outre les effets dévastateurs de Varroa, les apiculteurs doivent faire face à l’évolution des conditions climatiques, aux mauvaises pratiques de gestion de certains et au manque d’accès à la nourriture en raison de la perte d’habitat. Il n’existe pas de solution simple et unique.
Les traitements de semences aux néonics ont constitué une innovation importante pour les agriculteurs. Appliqués directement sur les semences, ils ont permis de réduire considérablement la quantité de matière active nécessaire pour protéger les cultures et de limiter l’exposition inutile d’organismes non ciblés, comme les abeilles.
Il est devenu courant de diaboliser les pesticides et de les accuser d’être à l’origine de tous les dommages causés à l’environnement. Il s’agit là d’une tendance dangereuse, qui détourne l’attention des efforts déployés pour mettre au point des solutions globales à des problèmes complexes, tels que la santé des abeilles. Et cela fait reculer l’innovation agricole, à un moment où nous devons la faire progresser pour répondre aux besoins d’une population croissante tout en protégeant l’environnement.
Pierre Petelle
Président et chef de la direction, CropLife Canada